L’étude des occurrences du mot slave, omniprésent dans l’œuvre de Ritter, constitue à plusieurs titres une clé pour comprendre sa perception de l’Europe centrale, traversée par une slavité qui ne se superpose pas à la russité. La puissance d’évocation du mot slave s’inscrit à la croisée d’une esthétique « fin-de-siècle » et d’un discours racial omniprésent. Mais il est surtout révélateur d’une quête incessante de l’authentique « être-slave », objet du désir de Ritter : l’« élément slave », présenté comme l’héritier d’une pureté et d’une naïveté originelles d’où peut jaillir la création artistique, devient le liant des diverses appartenances d’Europe centrale, confirmant du même coup la nature éminemment poétique de ce territoire.