Existe-t-il un enjeu structurant de l’épistémè afro-diasporique ? Le présent article cherche à répondre cette question par l’exploration de diverses modalités d’écriture visant à un renouvellement du discours philosophico-littéraire autour des questions d’égalité raciale, de liberté humaine, d’oppression coloniale et de la relation à autrui. Au regard de l’expérience afro-diasporique, nous développons la théorie d’une ontologie de la régénération élaborée à partir d’un corpus de textes allant des récits d’esclaves du 18ème et du 19ème siècles à la fiction historique de ces dernières décennies. Le concept de régénération se pose comme un énoncé dual. Il est à la fois humanisme subversif par sa riposte au discours hégémonique occidental et moyen de dépassement des contingences de l’histoire, de ré-articulation des problématiques du rapport au temps, à la mémoire et aux politiques identitaires. Notre investigation va au-delà du monde atlantique noir pour examiner l’ontologie régénérative au travers de l’élévation éthique chez Nelson Mandela, définie par le concept de « politics of the sublime ». Le sublime renvoie à l’idée d’une conscience morale indissociable de la philosophie ubuntu des peuples bantouphones fondée sur le principe d’une « humanité-en-réciprocité ». L’on verra comment un tel principe se trouve en résonance avec la théorie de la « raison communicationnelle » (Jürgen Habermas) et celle relative à la co-extension de l’altérité et de l’ipséité (Paul Ricœur).